dimanche 31 octobre 2010

Autopsie d'un cerveau de manager (Inside Steve's Brain)

Steve Jobs, le fondateur et emblématique PDG d'Apple, est un grand manager. En tout cas un manager qui vaut la peine d'être étudié. Je suis impressionné par l'aventure qu'il a vécu (et vit toujours) avec sa société depuis 30 ans.
Aussi quand j'ai eu l'occasion de lire "Inside Steve's Brain" de Leander Kahney (sur un iPad évidemment) je n'ai pas pu résister.

Dans un récit vivant et enlevé (quoique parfois difficile à suivre pour les non initiés tellement les détails sont expliqués au maximum) l'auteur nous décrit par le menu les méthodes de management instaurées par Jobs chez Apple et qui en ont fait la société qu'elle est aujourd'hui. Passionnant, c'est toute une partie de l'histoire du 20e siècle qui nous est racontée.

Voici pour vous 57 leçons de management du grand Steve.
  1. Bossez dur. Retroussez vos manches et mettez-vous au boulot tout de suite.
  2. Faites face au décisions les plus difficiles d'entrée de jeu.
  3. Ne basez pas vos décisions sur des émotions.
  4. Soyez ferme.
  5. Informez-vous, ne jouez pas aux devinettes. Basez vos décisions sur des faits.
  6. Demandez de l'aide.
  7. Restez concentrés.
  8. Se concentrer signifie "Dire non". Jobs a concentré les ressources limitées d'Apple sur un petit nombre de projets, excellement exécutés.
  9. Concentrez-vous sur ce à quoi vous êtes bon. Déléguez tout le reste.
  10. Soyez un despote. Quelqu'un doit décider.
  11. Générez des alternatives et choisissez la meilleure.
  12. Designez au pixel près. Allez profondément dans les détails.
  13. Simplifiez.
  14. N'ayez pas peur de partir de zéro.
  15. Ne dites pas de mal de votre propre société. Jamais.
  16. N'ayez pas peur des idées neuves.
  17. Trouvez un moyen facile de présenter les idées neuves.
  18. N'écoutez pas vos clients. Ils ne savent pas (toujours) ce qu'ils veulent.
  19. Pas de compromis.
  20. Le design est la fonction, pas la forme. Le design est la manière dont le produit fonctionne.
  21. Incluez tout le monde. Ne segmentez pas les réunions en oubliant des personnes parce "qu'ils n'auraient rien à y faire". Les bonnes idées viennent souvent du mélange.
  22. Evitez les processus en série.
  23. Générez et testez.
  24. Ne forcez rien.
  25. N'engagez que des stars et virez les nullards.
  26. Recherchez la plus haute qualité possible (dans les gens, les produits, ...)
  27. Investissez dans l'humain.
  28. Travaillez en équipes réduites.
  29. N'écoutez pas les bénis oui oui.
  30. Engagez des combats intellectuels.
  31. Laissez libres vos partenaires (d'apportez leurs idées, d'être eux-mêmes)
  32. On peut être un enfoiré, à partir du moment où on est passionné. Jobs crie sur tout le monde, mais ça lui vient de son envie de changer le monde.
  33. Passionnez-vous pour votre travail.
  34. Sachez user de la carotte et du bâton.
  35. N'hésitez pas à botter des culs pour obtenir ce que vous voulez.
  36. Fêtez les réalisations en remerciant de manière originale.
  37. Insistez sur des choses qui paraissent impossibles.
  38. Sachez être super intimidant
  39. Sachez être aussi gratifiant que vous êtes intimidant.
  40. Faites bosser vos équipes dur.
  41. Ne perdez pas de vue le client.
  42. Étudiez votre marché et votre secteur.
  43. Ne pensez pas consciemment "Innovation"
  44. Concentrez-vous sur les produits.
  45. Volez. N'ayez pas peur de voler les grandes idées des autres.
  46. Connectez. Pour Jobs, la créativité c'est simplement connecter différentes choses.
  47. Étudiez.
  48. Soyez flexible.
  49. N'hésitez pas à brûler vos vaisseaux. Ceci vous obligera à donner le meilleur de vous même.
  50. Demandez au client.
  51. Si vous avez loupé le train, bossez dur pour le rattraper.
  52. Recherchez les opportunités.
  53. Définissez des dates limites.
  54. Ne vous préoccupez pas de savoir d'où viennent les idées.
  55. Améliorez votre expertise.
  56. N'ayez pas peur de vous tromper.
  57. Accompagnez et protégez l'équipe. Un succès à toujours beaucoup de responsables.
Alors si certaines de ces leçons semblent évidentes, d'autres clairement antinomiques, je crois que la leçon à tirer de ce livre (et donc de la manière dont Steve Jobs mène Apple) c'est que la passion, la vision et l'équilibre sont des facteurs clés de succès. Ce qui rend cet homme si incroyable c'est qu'il concentre en lui, d'une manière tout à fait exceptionnelle ces trois éléments. Comme peu d'autres PDG de son époque.

Pour vous donner une idée du charisme d'un Steve Jobs, comment passer à côté de son speech à l'uiversité de Stanford en 2005.




dimanche 10 octobre 2010

L'intelligence émotionnelle (et mon QI c'est du poulet ?)

On a tous côtoyé des managers à gros diplômes, sortant des meilleures écoles, occupant les postes les plus importants et qui sont pourtant de parfaits gros c...
Ces personnes, malgré tout leur CV, semblent avoir un manque dans le domaine des relations humaines. Incapables de faire adhérer leurs équipes à un projet commun, incapables même de tenir une simple conversation à la machine à café, ils sont enfermés dans une solitude qui passe souvent pour une attitude hautaine auprès des collaborateurs de l'entreprise.

A quoi est dû ce manque "d'humain" en ces personnes ? Quelle est leur mécanique interne qui les retient de tisser des relations humaines "normales" ?

J'ai lu récemment un livre très intéressant à ce sujet : "L'intelligence émotionnelle" de Daniel Goleman. Daniel Goleman, docteur en psychologie, est l'auteur de nombreux livres. Après avoir enseigné à Harvard il est aujourd'hui journaliste au New York Times; où il suit plus particulièrement les sciences du comportement.

Dans ce livre Daniel Goleman explique que nous ne sommes pas les êtres rationnels que nous pensons le plus souvent être (ça c'est pas nouveau) mais il décortique assez précisément les processus de création de cette intelligence émotionnelle, qui complète l'intelligence rationnelle.

Il en donne dans la deuxième partie de son livre des applications concrètes, notamment dans le domaine du management.
Un extrait est particulièrement intéressant, il concerne l'art de la critique (art o combien difficile pour un manager) et comme je suis une grosse feignasse, je vous le livre ici (et hop, ça du bon article de blog, vite fait bien fait ! Si c'est pas de l'intelligence émotionnelle ça !)

"Une critique habile est un des messages les plus utiles qu'un supérieur puisse émettre. ...Une bonne critique insiste sur ce que la personne a accompli et sur ce qu'elle peut encore accomplir. ...La croyance de base qui conduit à l'optimisme est que les revers ou les échecs résultent de circonstances que nous pouvons modifier.

Harry Levinson donne les conseils suivants sur l'art de la critique; indissociable de celui de la louange :

1-Restez précis.
Choisissez un incident révélateur, un problème clé à résoudre, comme l'incapacité d'effectuer correctement certaines taches. Les gens se démoralisent si on leur dit simplement qu'ils font mal quelque chose, sans leur donner les moyens d'y remédier. Soyez donc précis, expliquez à la personne ce qu'elle a bien fait, ce qu'elle a mal fait, et comment elle peut faire mieux. Ne tournez pas autour du pot, évitez d'être évasif ou de biaiser; cela brouille le vrai message. La précision est aussi importante dans la louange que dans la critique.

2-Proposez une solution.
La critique, comme tout feed-back utile doit indiquer un moyen de régler le problème. Faute de quoi, le destinataire se sentira frustré, démoralisé et démotivé. La critique doit ouvrir la porte à des options et à des possibilités dont l'individu n'avait pas conscience, ou simplement le sensibiliser à des insuffisance dont il doit s'occuper-, mais elle doit comporter des suggestions sur la façon de régler ces problèmes.

3-Soyez présent.
La critique, comme la louange, est pleinement efficace lorsqu'elle est faite entre quatre yeux. Les personnes qui ont du mal à critiquer ou à complimenter ont tendance à se faciliter la tâche en le faisant à distance...Cela rend la communication trop impersonnelle et prive le destinataire de tout moyen de réponse ou de clarification.

4-Soyez sensible.
Il faut faire preuve d'empathie, sentir l'impact de ce que l'on dit et de la manière dont on le dit. Les dirigeants peu empathiques sont plus enclin à émettre des critiques blessantes et surtout à dénigrer leurs employés. En définitive ces critiques ont un effet destructeur; au lieu de préparer une action correctrice, elles produisent un contrecoup : l'individu éprouve du ressentiment et de l'amertume, il se met sur la défensive et prend ses distances.

Levinson prodigue également des conseils au destinataires des critiques. L'un est de considérer la critique comme une information précieuse qui lui permettra de s'améliorer, et non comme une attaque personnelle. Une autre est de veiller de ne pas adopter une attitude défensive, et d'assumer ses responsabilités. Si l'expérience est trop éprouvante, il vaut mieux demander le report de la discussion, le temps de "digérer" les remarques et de se calmer un peu. Enfin il conseille de voir dans la critique l'opportunité de travailler ensemble à la résolution du problème."


Tous ces bons conseils peuvent sembler évident. Néanmoins si nous, managers, le mettions en pratique avec l'intelligence du cœur, nul doute que nos équipes ne s'en porteraient que mieux. Alors ? Prêt à critiquer ?